Bernard Reichel (1901 – 1992)

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C’est à Neuchâtel que Bernard Reichel vient au monde en 1901. Dans un milieu familial où la musique tient une place importante, il comprend tôt, sous l’influence de bons maîtres, sa vocation de compositeur et de musicien.
Charles Faller au Locle, Paul Benner à Neuchâtel, Hermann Suter et Adolphe Hamm au Conservatoire de Bâle, guident ses premières études de piano, d’orgue et de composition. Il devient ensuite, à Genève, l’élève puis le disciple d’Emile Jaques-Dalcroze, tout en recevant les conseils de William Montillet pour l’orgue. Un an passé à Paris lui permet de travailler la composition avec Ernst Lévy et de connaître mieux les grands compositeurs de l’époque (Debussy, Ravel, Honegger, Roussel et d’autres encore).

Dès 1925, Bernard Reichel se fixe à Genève. Il est engagé comme professeur à l’Institut Jaques-Dalcroze où il se lie d’amitié avec Frank Martin, enseigne l’harmonie au Conservatoire de Genève et occupe plusieurs postes successifs d’organiste.

En 1971, il reçoit le Prix de la musique de la Ville de Genève.

La composition reste au premier plan de ses préoccupations. Ayant expérimenté le système dodécaphonique, il préfère cependant se forger un langage propre, libéré de toute doctrine, où l’on perçoit l’influence du chant populaire, du choral et des modes médiévaux, ce qui n’exclut pas une grande liberté et l’élargissement constant de la tonalité.

L’œuvre de Bernard Reichel est très variée et s’adresse à quantité de formations. Nombre de solistes renommés et de groupes de musique de chambre ont bénéficié de sa riche production: orchestres symphoniques, ensembles d’instruments à vent ou à cordes, duos, trios, quatuors, quintettes, octuors, pièces pour piano, clavecin, orgue. Citons tout spécialement ses concertos pour piano, flûte, alto, violoncelle ou orgue.

Ses œuvres pour orchestre ont connu de vifs succès aux États-Unis, en Angleterre, en Allemagne et dans les principales villes de Suisse.
Par ailleurs, Bernard Reichel a contribué à enrichir le répertoire de la musique d’église, soit en Suisse, soit en Allemagne, particulièrement à Lemgo (Westphalie), où ses œuvres chorales (Psaumes, Te Deum, Gloria) ont été interprétées dans le cadre de grandes fêtes religieuses.

Il passe les dernières années de sa vie à Lutry, près de Lausanne. Il s’éteint le 10 décembre 1992.
Son oeuvre est déposée à la Bibliothèque Universitaire de Lausanne.

Frank Martin (1890 – 1974)

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Il est né à Genève, dixième et dernier enfant du pasteur Charles Martin. Avant même de commencer l’école, il jouait déjà du piano et improvisait. À 9 ans, il écrivait de petites chansons pour voix et piano, sans avoir reçu aucune instruction musicale. L’audition de la Passion selon saint Matthieu de Bach, qu’il entendit à l’âge de 11 ans lui laissa une impression profonde, et Bach devint son vrai mentor.

Il étudie les mathématiques et la physique à l’Université de Genève pendant deux ans (selon le souhait de ses parents), tout en travaillant à la composition et en étudiant le piano avec Joseph Lauber (1864-1952, un compositeur genevois, qui fut aussi organiste au Locle, professeur à Zurich en 1901, chef d’orchestre au Grand Théâtre de Genève). De 1918 à 1926, il vécut ponctuellement à Rome, et Paris. Les compositions de cette période le montrent en pleine possession de son métier, mais à la recherche de son propre langage musical, qu’il révèle en 1938 dans l’oratorio “Le vin herbé”, et qui fera office de “signature” de ses œuvres ultérieures. Frank Martin y intègre le dodécaphonisme, non comme doctrine, mais comme moyen d’échapper aux contraintes de la tonalité, et y infuse toute sa sensibilité.

En 1926, il fonde la Société de Musique de Chambre de Genève, qu’il dirige en tant que pianiste et claveciniste pendant 10 ans. Durant cette période, il enseigne aussi la théorie musicale et l’improvisation à l’Institut Jaques-Dalcroze et la musique de chambre au Conservatoire de Genève.
Il a été le directeur du Technicum Moderne de Musique de 1933 à 1940 et le président de l’Association des musiciens Suisses de 1942 à 1946.

Il part aux Pays-Bas en 1946 pour trouver plus de temps pour ses compositions qu’il ne le peut en Suisse, où il est impliqué dans de trop nombreuses activités. Après 10 ans à Amsterdam, il s’installe finalement à Naarden, où il décède en 1974.

De 1950 à 1957, il enseigne la composition à la Staatliche Hochschule für Musik à Cologne, Allemagne. Par la suite, il renonce à l’enseignement et se concentre sur ses compositions, les quittant occasionnellement pour des concerts de musique de chambre et pour diriger des orchestrations de ses propres œuvres.

Il est enseveli au Cimetière des Rois à Genève.